L'augmentation du budget de la défense n'apporte pas plus de sécurité
La commémoration de l'Armistice de 1918 nous confronte, bon gré mal gré, aux conflits armés actuels. Il y en a plus de 170 d’après les chiffres du Uppsala Conflict Data Program. L'armistice nécessite de la diplomatie, et c'est justement un domaine qui manque de moyens. Notre pays investit dans les armes plutôt que dans la paix et le prochain gouvernement veut encore renforcer cette tendance. Les mouvements pacifistes et la société civile mettent en garde contre la nouvelle course aux armements qui se fait encore et toujours au détriment de notre sécurité sociale et de nos soins de santé.
La « super note » divulguée à la fin du mois d'août 2024 ne donne guère de raisons aux mouvements pacifistes et à la société civile de se réjouir. En plus des 23 milliards d'euros d'économies demandées par l'Europe, cette note envisage en effet l’allocation de 2 milliards d'euros supplémentaires pour les services de défense et de sécurité. La dernière mouture de cette « super note » ajoute l’engagement dans une trajectoire de croissance des dépenses de défense à 2,5 % du PIB d'ici 2035, ce qui représente 6 milliards d'euros supplémentaires par an. C'est le double de ce que nous dépensons actuellement chaque année pour la défense. Contrairement à ce que cette note suggère, nous pensons que cela ne fait qu'accroître l'insécurité.
Le démantèlement de l'État-providence....
Pour l'organisation de l’austérité, la super note vise notamment la sécurité sociale et les services publics. Par exemples, les pensions seraient rabotées de deux milliards, les services de b-post et de la SNCB sérieusement réduits, des centaines de millions d’euros “économisées” sur les soins de santé, etc. La sécurité sociale, économique et médicale des citoyens sera donc durement touchée.
... mais des milliards pour la défense
Alors que des secteurs vitaux pour notre société doivent subir des coupes sévères, on jette l'argent par les fenêtres pour la défense. On assiste à une course à l'armement qui s’intensifie encore et qui profite surtout à l'industrie (étrangère) de l'armement. Résultat ? Une escalade des conflits, des contre-réactions militaires, davantage de morts et de blessés, et une sécurité globale qui s’effrite. Les États membres de l'OTAN dépensent déjà collectivement beaucoup plus chaque année que, par exemple, la Russie : 1 200 milliards de dollars contre 120 milliards de dollars. Les États européens membres de l'OTAN dépenseront à eux seuls 483 milliards de dollars pour la défense en 2024, soit 100 milliards de dollars de plus qu'il y a quelques années. Mais nous sentons-nous plus en sécurité pour autant? Quelle guerre a été récemment réglée grâce à ces dépenses?
On ne sait pas exactement à quoi contribuera l'augmentation du budget de la défense. En effet, les notes qui ont fait l'objet d'une fuite ne comportent pas d'objectifs clairs. Se contenter de dépenser des milliards pour accroître la perception de la sécurité est inefficace et constitue un gaspillage de l'argent des contribuables. Envisage-t-on une coopération intra-européenne (mise en commun et partage) afin de se défaire de certaines tâches militaires ? Ces ressources contribuent-elles réellement à la sécurité des citoyens ? Ou sont-elles simplement consacrées à des technologies militaires qui ne contribuent guère à la protection concrète de la dignité humaine et de la justice?
Alternative: la prévention des conflits
Plusieurs programmes électoraux ont accordé de l'importance à la prévention des conflits et au déploiement de la diplomatie et du rôle de médiateur de la communauté internationale. Cependant, lors des négociations gouvernementales, le récit de la guerre semble prévaloir. Les partisans d'une augmentation du budget de la défense utilisent l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis pour justifier ces investissements supplémentaires. Toutefois, nous plaidons en faveur d'une attention et de ressources accrues pour la diplomatie et la prévention des conflits, et en faveur d'une augmentation plutôt qu'une diminution des ressources pour la coopération au développement et la solidarité internationale. Investir dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix apporte réellement plus de sécurité, crée des opportunités de croissance et est en plus rentable. Des ressources supplémentaires sont également nécessaires pour atténuer le changement climatique et s'y adapter.
La sécurité ne se limite pas à la puissance militaire
Notre appel est clair. La sécurité ne se limite pas à la puissance militaire. La sécurité implique également la justice sociale. Il faut abandonner le recours à la guerre et une position trop militariste, et opter pour des initiatives de consolidation de la paix et de mesures sociales, qui sont la garantie d'une société sûre et inclusive.
SIGNATAIRES
Orry Van de Wauwer, directeur Pax Christi Vlaanderen
Ludo Debrabander, porte-parole Vrede vzw
Hans Lammerant, Vredesactie
Paula Polanco, président Intal
Claudine Pôlet, Comité de Surveillance OTAN
Colette Moulart, pédiatre, les Médecins pour la prévention de la Guerre Nucléaire
Fanny Polet, directeur Viva Salud
Hélène Debaisieux, coördinatrice Quinoa
Pierre Galand, président Forum Nord Sud
Peter Wouters, président Beweging.net
Ann Vermorgen, présidente ACV / CSC
Miranda Ulens, sécrétaire générale ABVV / FGTB
Gert Truyens, président ACLVB / CGSLB
Fadi Benaddi, président de la Cocab
Alain Dangoisse, AHT
Koen Trappeniers, Welzijnszorg
Paul De Belder, vzw Aan de IJzer
Mieke Van Nuland, OKRA
Johan Tourné, directeur Samana
Lode Delbare, directeur Trias
Dirk Holemans, Oikos
Leen Van Waes, directeur Masereelfonds
Stefaan Van den Abbeele, Vredeshuis Aalst
Ria Verlauw, de Leuvense Vredesbeweging
Nani Sneyers, Vrouwen in het Zwart Leuven
Hilde Naessens, Vredesactie Brugge
Annuschka Vandewalle, FOS
Barend Claessens, porte-parole Palestina Solidariteit
Joeri Thijs, porte-parole Greenpeace België
Thijs Smeyers, directeur Studio Globo
Bart Dewaele, directeur Join For Water
Filip De Bodt, vzw Climaxi
Fred Libert, Hart boven Hard
Mark Michiels, Louis Paul Boonkring Brussel
Prof. Chritine Pagnoulle, ULG
Prof. Eva Brems, Mensenrechten UGent
Prof. Tom Sauer, Internationale Politiek UAntwerpen
Marlies Casier, postdoctoraal lesgever, Vakgroep Conflict en Ontwikkelingsstudies, UGent
Charles Ducal, Dichter des Vaderlands
Bud Blumenthal, Artiste Activiste pour la Transition Ecologique et la Paix
Het platform Westhoek Vredeshoek